Couverture ElectroniqueS n°127

La manifestation SID a fait la part belle aux écrans souples, dont les performances deviennent enfin satisfaisantes. Reste à passer le cap de l'industrialisation. Mais les choses avancent. Boston La manifestation SID, qui s'est tenue à la fin du mois de mai (voir nos numéros des 2 et 9 juin), a été l'occasion de constater les progrès des écrans souples. Plusieurs fabricants, et non des moindres, ont en effet exposé à Boston des prototypes dont les performances sont enfin satisfaisantes. Finis les gros défauts d'affichage. Les écrans souples affichent désormais des motifs ou du texte de façon nette et sans bavure. C'est surtout au niveau des matrices actives que les progrès sont les plus probants. L'exemple le plus impressionnant se trouvait sur le stand de Philips. Le Néerlandais y a présenté deux prototypes d'afficheurs enroulables noir et blanc à matrice active de 5 pouces qu'une machine enroulait et déroulait suivant un rayon de courbure de l'ordre du centimètre (rayon de courbure minimum possible : 7,5 mm) tandis que le texte affiché était régulièrement rafraîchi (notre photo). Autres intérêts majeurs : une consommation typique de 2 mW (17 mW max.) et un poids de seulement 1,6 g. « Les afficheurs souples peuvent résoudre ce que j'appelle le paradoxe des écrans de portables, qui doivent aujourd'hui afficher toujours plus d'informations alors que les appareils dans lesquels ils s'intègrent se miniaturisent encore et encore, analyse Hans Driessen, responsable de la communication chez Philips. Avec les écrans enroulables, il est possible de doter un portable d'un afficheur de 5 pouces », renchérit-il. Ces afficheurs bistables, qui utilisent l'encre électronique d'E-Ink et une matrice active à transistors polymères développée par Philips, disposent par ailleurs d'une définition QVGA de 240 x 320 pixels (résolution de 85 pixels par pouce) mais ne peuvent afficher que 4 niveaux de gris (limite actuelle de l'encre électronique d'E-Ink). Philips prévoit la commercialisation de ses écrans souples dès l'an prochain via Polymer Vision, une société que le Néerlandais est en passe d'externaliser. Polymer Vision devrait sous-traiter la production à un partenaire, qui n'est cependant pas encore déterminé. Samsung SDI a, quant à lui, exposé un prototype d'écran LCD-TFT couleur transmissif de 5 pouces sur substrat plastique. Contrairement à Philips, le but du Coréen n'est pas ici de montrer la souplesse de l'écran (pour l'heure, il peut seulement prendre des formes convexes ou concaves et n'est pas enroulable) mais plutôt de prouver la capacité d'un écran LCD sur substrat plastique à afficher des images couleur. La souplesse reste cependant l'objectif à atteindre. Samsung SDI estime pouvoir échantillonner des écrans LCD couleur flexibles en 2007 et enroulables en 2009. Lors d'une conférence qui s'est tenue parallèlement au salon, Seiko Epson a annoncé avoir développé un afficheur souple noir et blanc de 2 pouces de diagonale au format QVGA (320 x 240 pixels), soit une résolution de 200 pixels par pouce, exceptionnelle pour un écran sur substrat plastique. Pour atteindre une telle résolution, le Japonais utilise l'encre électronique d'E-Ink associée à une matrice active en silicium polycristallin basse température réalisée grâce à son procédé propriétaire baptisé SUFTLA (Surface Free Technology by Laser Annealing). Cette technique permet le transfert d'une matrice active et des drivers associés d'un substrat de verre initial vers un substrat plastique. Dommage en revanche que la présentation faite par Seiko Epson perde de son impact en l'absence de prototype présenté à l'auditoire. Plastic Logic a, quant à lui, annoncé l'ouverture d'une ligne de prototypage de matrices actives souples sur substrat plastique destinée à qualifier le procédé de fabrication et à préparer le transfert de technologie vers des partenaires ayant acquis des licences. Cette unité devrait être capable de produire, dès la fin de l'année, jusqu'à 100 matrices souples au format A5 par semaine. A noter, pour clore le chapitre matrice active souple, que Rolltronics a présenté sur son stand sa technologie FASwitch (Flexible Array Switch) n'utilisant aucun transistor et pouvant piloter des écrans de tout format. La technologie de cette start-up américaine est basée sur une matrice plastique munie de commutateurs électromécaniques à membrane en remplacement des traditionnels transistors en couches minces (voir notre numéro du 17 mars). Signalons enfin que l'on pouvait trouver des afficheurs souples à segments et à adressage direct sur les stands de Kodak, de SiPix et de l'ASU (Arizona State University). Plus axés sur des applications d'étiquetage, les écrans présentés ici utilisent, pour le premier, une technologie de cristaux liquides cholestériques alors que les deux autres emploient de l'encre électronique.

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