La SNCF teste des drones pour surveiller son réseau en partenariat avec EDF

Le 21/11/2013 à 14:10 par Jacques zzSUEAYGhcIE

Le 5 novembre denier, la SNCF a procédé à des tests de drones pour inspecter le viaduc ferroviaire de Roquemaure, entre Orange (Vaucluse) et Roquemaure (Gard), sur la ligne à grande vitesse Paris-Marseille. Cette expérimentation traduit la volonté de SNCF de participer à l’émergence d’une filière drone française.

La SNCF, en partenariat avec EDF qui est confrontée aux mêmes problématiques de surveillance de son réseau, a souhaité tester les capacités de plusieurs nouveaux opérateurs développant des drones. L’objectif est, d’une part, de trouver des solutions techniques innovantes pour l’inspection d’un réseau – ferroviaire ou électrique – d’autre part, de favoriser le développement de l’utilisation industrielle du drone en étant un des acteurs, avec EDF, du développement d’une filière drone française, en synergie avec la DGAC (Direction générale de l’aviation civile).

Le viaduc ferroviaire de Roquemaure est un ouvrage en béton construit de 1997 à 1998, d’une longueur de 680 m, dont 370 m au-dessus du Rhône. Il comporte 7 piles, 2 culées et les deux voies de la LGV Méditerranée. Son inspection et sa maintenance sont réalisés tous les ans par un engin circulant sur la voie, équipé d’une nacelle permettant de descendre sous le viaduc, afin de surveiller l’état du béton et l’apparition d’éventuelles microfissures. Il faut parfois plusieurs nuits pour inspecter la totalité de l’ouvrage d’art, en fonction du temps disponible pour avoir accès aux voies, sur lesquelles circulent les TGV et, la nuit, des trains de travaux. L’utilisation d’un drone « en éclaireur » permettrait de réduire ce temps (1 à 2 jours) sans affecter l’exploitation ferroviaire.

Le viaduc de Roquemaure possède plusieurs caractéristiques qui compliquent sa surveillance :
· une de ses piles est immergée ;
· deux travées sont au-dessus de l’eau, ce qui nécessite l’accord de Voies navigables de France (VNF) pour leur inspection
· les interventions classiques sur le viaduc doivent obligatoirement être réalisées en interrompant la circulation sur une ligne très fréquentée ;
· différents dispositifs lourds doivent être mobilisés pour l’examen de l’ouvrage (échafaudage, nacelle…).

Les trois opérateurs participant aux tests autour du viaduc, Diades, Red Bird et Azur Drones, doivent réaliser des photographies de précision repositionnées dans une vue générale.
Pour figurer dans le procès-verbal rédigé par les ingénieurs et techniciens inspecteurs de SNCF Infra, au titre de l’inspection réglementaire des ouvrages d’art, les données collectées à l’issue des tests devront être suffisamment fiables et précises.

Dans le cadre de la surveillance du patrimoine ferroviaire, SNCF Infrastructure réalise régulièrement des opérations d’inspection et de maintenance des ouvrages d’art, et de l’infrastructure dans son ensemble. Pour cela, elle utilise déjà plusieurs technologies, comme les capteurs embarqués dans les trains commerciaux ou la lasergrammétrie (relevé topographique en 3D). Pour moderniser ses méthodes et réduire l’impact sur la circulation des trains, SNCF Infra envisage d’utiliser des drones industriels, les outils aujourd’hui les plus innovants. La branche Infrastructure de SNCF compte également faire partager ses réflexions aux activités du groupe SNCF souhaitant utiliser des aéronefs télépilotés.

Agile, d’un usage très réactif, se déplaçant dans des zones difficilement accessibles, le drone va révolutionner l’inspection et la surveillance du réseau ferré, et permettre, par exemple, en cas d’aléas, de localiser « d’un coup d’aile » les dégâts sur les voies après le passage d’une tempête.

Cette phase expérimentale qui consiste à tester des modèles de drones à vocation industrielle est l’aboutissement d’un travail collectif en « mini-lab », réalisé depuis janvier 2013, selon une méthodologie conçue avec l’Ecole des Mines. Des experts SNCF et EDF, des chercheurs et plusieurs spécialistes des drones de l’Onera (établissement public de recherche aéronautique et spatiale), des fabricants (Delair Tech, R&D Tech, Fly’n’Sense, Sense Fly) ainsi que des représentants de la DGAC et de RFF ont partagé leurs problématiques et leurs avancées en appliquant une démarche « d’innovation ouverte », qui associe des partenaires extérieurs au domaine ferroviaire et électrique.

Pour que la SNCF puisse utiliser des drones, le cadre réglementaire devra évoluer

La réglementation destinée à favoriser l’émergence d’une filière drone française impose un cadre – nécessaire pour limiter les risques et prévenir tout incident – ne permet pas actuellement de répondre à tous les besoins des grands mainteneurs. Pour une utilisation plus complète des drones, la DGAC, EDF et la SNCF travaillent ensemble à l’évolution du cadre réglementaire, au service de grands mainteneurs d’infrastructures, tout en préservant la sécurité des biens et des personnes. Cette réponse devrait accélérer le développement de la filière drone française impulsée par EDF et SNCF, créant également une nouvelle ingénierie de service dédiée aux drones, tout en apportant des garanties de sécurité indispensables à leur exploitation.

En France, les drones aériens sont soumis à une réglementation unique au monde, qui autorise et favorise un usage civil de ces aéronefs. Cette réglementation régit l’utilisation des drones sur le territoire national selon plusieurs scénarios, qui vont du vol en vue directe du télépilote, avec un aéronef pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilos, au vol hors vue d’engins d’un poids inférieur à deux kilos. Cette réglementation est par ailleurs plus contraignante pour le vol d’engins de plusieurs centaines de kilogrammes, le survol de zones peuplées ou la réalisation de travaux de nuit.

En 2013 SNCF Infra s’est doté de son propre drone, un Helipse HE190. Cet aéronef de type hélicoptère a permis à SNCF Infra de réaliser ses premières expérimentations sur le terrain, avec
l’inspection et la modélisation en 3D de parois rocheuses à Le Trayas, près de Saint-Raphaël (Var). L’analyse des données a permis de démontrer la qualité de celles-ci, avec des résultats d’une précision au moins équivalente à l’expertise visuelle réalisée habituellement.

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