Couverture ElectroniqueS n°127

Ce programme à l'initiative de quatre fabricants de circuits imprimés veut multiplier les relations «win-win» avec les utilisateurs de circuits imprimés. Ses objectifs: mieux contenter la demande et diffuser en automobile et médical, les expertises acquises en aérospatial et militaire. M eredit est à la fois un GIE à l'initiative de quatre fabricants français de circuits imprimés (Cimulec, Elvia PCB, GTID et Systronic) et un programme dont le but est de mieux contenter la demande des fabricants français de matériels électroniques. «Meredit veut être à l'écoute des clients du circuit imprimé pour mieux les servir » , déclare Bernard Ledain (Thales) qui, en juillet dernier, a été nommé directeur de ce programme. Cette initiative devrait aussi permettre aux quatre groupes à l'origine de Meredit, puis, peut-être plus tard, aux autres fabricants de circuits imprimés de l'Hexagone, de doper leurs ventes. Actuellement, la production française de circuits imprimés couvre 20% seulement de la demande. Cette production diminue sans cesse: elle est passée de 800 millions d'euros en 2000 à 150Me aujourd'hui. Cette chute s'est accompagnée d'une forte réduction du nombre des acteurs: actuellement, ils ne sont plus qu'une vingtaine. Pour contrer cette hécatombe, Meredit veut multiplier les synergies entre les fournisseurs de circuits imprimés, d'une part, et entre ces derniers et les acheteurs de ces produits, d'autre part. « Il faut mutualiser les travaux, échanger entre acteurs parfois éloignés et travailler ensemble » , indique Meredit dans un communiqué. « La mutualisation des travaux permettra d'optimiser les coûts de recherche : si un des fabricants de circuits imprimés étudie un nouveau vernis épargne, il peut diffuser les résultats de ses recherches aux autres », note M. Ledain. En juillet dernier, Meredit a ainsi réuni sur le thème « Avenir du circuit imprimé et avenir de l'électronique », une soixantaine de personnes représentant quelque 35 fabricants de matériels d'électronique professionnelle. < Meredit veut multiplier les synergies entre les fournisseurs de circuits imprimés, d'une part, et entre ces derniers et les acheteurs de ces produits, d'autre part. Meredit met l'accent sur la veille technologique, l'amélioration de la compétitivité et la diffusion des technologies prometteuses du circuit imprimé à de nouveaux domaines d'applications. Les thèmes, qui seront proposés le 17 septembre prochain au comité d'orientation Meredit, comité en charge de la définition des grands axes de travail du programme, sont : la dissipation thermique, les matériaux et l'augmentation de la densité d'interconnexions, pour la partie technique ; l'amélioration des délais de fabrication des prototypes et l'optimisation des rendements de fabrication par le dialogue entre fournisseurs et utilisateurs, pour la partie production. Par contre, il n'y aura pas de recherches sur les composants enterrés. Les sujets sélectionnés par le comité d'orientation, qui est composé de fabricants de circuits imprimés et d'industriels de l'électronique (OEM et sous-traitants) acheteurs de circuits imprimés, seront étudiés par des équipes opérant au sein des sites de production les plus en pointe dans les domaines en cause. Pour les utilisateurs de circuits imprimés, l'intérêt d'adhérer à Meredit est d'obtenir des produits plus conformes à leurs demandes, d'accéder très tôt aux résultats des travaux menés en coopération et, pour les industriels de l'automobile, des transports et du médical, de bénéficier de techniques éprouvées déjà utilisées avec succès dans les secteurs très exigeants de l'aéronautique, du militaire et du spatial. Parmi ces utilisateurs, se sont déjà montrés intéressés par Meredit : Thales, EADS et Sagem. S'ils décident de devenir membres du club Meredit, ils paieront évidemment une cotisation. Le montant de celle-ci est fonction de l'importance de la société : un grand groupe – type Thales– déboursera 60ke par an; une société de moindre importance, 30ke. Les sous-traitants en électronique jouiront, quant à eux, d'un régime particulier : la cotisation annuelle des sociétés de sous-traitance de plus de 1000 personnes s'élèvera à 15ke; celle des entreprises de moins de 1000 salariés ne sera que de 10ke. UNe ProducTioN FrANÇAise Ne CouVRanT Que 20% De La DeManDe > l'asie représente aujourd'hui plus de 80% de la production mondiale de circuits imprimés. selon bPa consulting, la part de la production chinoise dans le monde passera de 45% en 2011 (45% de 56,6 milliards de dollars) à 51% en 2016 (51% de 68,5 milliards de dollars), soit une croissance annuelle moyenne comprise entre 6 et 7%. > le circuit imprimé chinois s'appuie principalement sur la demande en provenance de l'électronique de grande consommation (télécoms, informatique, électronique grand public). > la production européenne de circuits imprimés vit, elle, un déclin: ayant compté pour 12% de la production mondiale en 2000, elle n'en représentait plus que 6% en 2010 (données Data4Pcb). et elle alimente principalement l'industriel, l'automobile, les télécoms et l'aéronautique-militaire-spatial; l'ensemble «informatique et électronique grand public» ne compte que pour environ 15%. > Dans l'Hexagone, la fabrication de circuits imprimés est aussi en chute: elle est passée de 800M € en 2000 à 150M € aujourd'hui –ne couvrant que 20% de la demande du pays. MeReDiT En CHiFFres > Meredit est à la fois un Gie initié par cimulec, elvia, GTiD et systronic, et un programme. cette initiative est soutenue par oseo dans le cadre des investissements d'avenir. > le programme Meredit est doté d'un budget de 10M € sur 4 ans. le financement en est le suivant: 40% par l'etat, 25% par les fabricants de matériels électroniques acheteurs de circuits imprimés et 35% par les fabricants de circuits imprimés, soit les 4 sociétés à l'initiative de Meredit. > au début, le projet ne s'ouvrira pas à d'autres fabricants français de circuits imprimés. «Meredit pourrait admettre d'autres fournisseurs de circuits imprimés par la suite. Mais oseo ne souhaite pas que cela se fasse dès le démarrage du projet», annonce bernard ledain, directeur de Meredit. Pourtant, des fabricants comme Techci ont manifesté leur intérêt pour le projet; appartenant maintenant au groupe italien FinMasi, ce dernier ne peut toutefois prétendre adhérer au programme français. Cross-fertiliser Meredit veut optimiser des technologies développées initialement pour l'aérospatial –demandeur de petites séries – pour les proposer à d'autres domaines, comme l'automobile et le médical, demandeurs de plus grands volumes de pièces. les thèmes proposés au comité d'orientation sont la dissipation thermique, les matériaux, l'augmentation de la densité d'interconnexions, l'amélioration des délais de fabrication des prototypes et l'optimisation des rendements de fabrication. Le « militaire-aéronautique-spatial » est un secteur de première importance en France pour le circuit imprimé : il représente 13 % de la consommation totale de circuits imprimés dans l'Hexagone, ce qui est le pourcentage le plus élevé de tous les pays d'Europe. Outre ce secteur, le marché français du circuit imprimé se scinde en 45 % pour l'industriel, 20% pour le segment « télécoms-informatique-électronique grand public », 15 % pour l'automobile, et 7 % pour le reste –incluant notamment le médical. Une société comme Systronic, l'un des quatre acteurs à l'origine de Meredit, fabrique à 75 % pour le spatial et à 25 % pour l'aéronautique. Cette entreprise fournit notamment EADS Astrium, Thales Selenia, Airbus et Dassault. Surtout, l'aéronautique-militaire-spatial est à l'origine d'avancées technologiques (fonctionnement aux hyperfréquences, développement des flex-rigides, par exemple). Ce sont ces technologies que Meredit compte transférer à d'autres secteurs comme l'automobile et le médical. «Meredit veut optimiser des technologies développées initialement pour l'aérospatial –demandeur de petites séries – pour les proposer à d'autres domaines, comme l'automobile et le médical, demandeurs de plus grands volumes de pièces », souligne Bernard Ledain. L'automobile, par exemple, demande couramment de petites séries de l'ordre de 10 000 pièces. Les fournisseurs de circuits imprimés de Meredit tablent aussi sur l'importance de la proximité entre fabricants de circuits imprimés et utilisateurs : « Il leur est d'autant plus important d'échanger que les produits mis au point sont complexes », estime M. Ledain. Enfin Meredit devrait aussi être l'occasion pour les fournisseurs et les acheteurs de circuits imprimés de mieux s'accorder sur la rémunération des études portant sur le développement de circuits imprimés ainsi que sur la rémunération des démarrages de petites séries de circuits imprimés complexes : «Plus un circuit imprimé est complexe, plus le rendement de sa fabrication est mauvais au démarrage » , rappelle M. Ledain. Problème : aujourd'hui encore, la majorité des acheteurs ne savent fixer qu'un prix de série.

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