Couverture ElectroniqueS n°127

Au cours des dernières années, les ventes de circuits programmables ont beaucoup souffert, comme l'ensemble de l'industrie. Sentez-vous actuellement, vous aussi, des signes de reprise dans ce domaine ? Si oui, dans quels secteurs ?Le bogue de l'an 2000 a causé, en 1999, un sur investissement massif en informatique que nous payons encore aujourd'hui. La débâcle d'Internet et l'explosion de la bulle des télécoms ont changé le monde. Cela dit, le secteur des télécoms reste le segment de marché le plus important, au moins en Europe, et nous commençons à voir les premiers signes de redressement. La plupart des multinationales des télécoms ont prévu d'augmenter leurs investissements en 2004, même si cela prendra un peu de temps pour se concrétiser en commandes de composants. La reprise chez nos clients ne se fera pas en un jour ; il s'agira plutôt d'une lente remontée de l'abîme. Un autre secteur montre des signes très nets de reprise et devient important : il s'agit de l'automobile.Certains disent que la crise a été favorable aux composants programmables. Partagez-vous ce point de vue ?La crise a laissé sur les étagères de larges stocks de produits invendus. Beaucoup de ces produits avaient fait appel à des circuits spécifiques dont les coûts associés, les NRE, sont perdus à jamais. De plus, le manque de souplesse de ces circuits a pu, dans certaines circonstances, se traduire par des manques à gagner chez les équipementiers (ventes ratées). A partir de là, les directeurs de bureaux d'études reconsidèrent leur stratégie de conception et font de plus en plus appel aux circuits programmables. Cela d'autant plus que le prix de ces derniers a beaucoup baissé et que le phénomène devrait s'accélérer avec le passage aux technologies nanométriques.Vous affirmez que l'association Asic plus FPGA fournit le meilleur des deux mondes alors que la plupart des acteurs considèrent que cela revient à associer le pire des deux. Pourquoi ?La densité d'intégration des circuits spécifiques dépasse de loin celle des FPGA. Il n'y a aucun doute là-dessus. De plus, les Asic sont plus rapides, consomment moins et coûtent moins cher dans le cadre de grandes séries. Toutefois, les FPGA sont très souples d'emploi, ils peuvent donc permettre d'arriver plus tôt sur le marché et d'engranger des ventes plus vite. De ce fait, s'il est possible d'identifier une fonction qui se répète dans plusieurs conceptions, un beau potentiel existe pour convertir cette fonction en portes Asic sur une puce intégrant aussi un FPGA. Cela se traduira par une réduction sensible de la taille de la puce, donc du prix, avec en prime une diminution de la consommation globale tout en laissant ouverte la possibilité pour le concepteur de personnaliser son circuit en utilisant la partie programmable du circuit. Ce phénomène va s'accélérer, et des solutions programmables complètes combineront à l'avenir FPGA, précaractérisés et blocs d'IP logiciels. Les besoins de flexibilité vont amener la plupart du marché des Asic vers des circuits fournissant une certaine forme de personnalisation, soit in situ, soit au niveau du dernier masque.Verrons-nous un jour de vrais circuits analogiques programmables ou de vrais systèmes sur une puce programmables avec des fonctions analogiques conséquentes ?Jusqu'à présent, les circuits analogiques programmables sont limités à des fonctions bien définies qui peuvent être adaptées à différentes applications. Le problème, avec les circuits analogiques, c'est que, à la différence des circuits numériques, ils ne peuvent pas bénéficier automatiquement des améliorations permises par le passage d'une génération technologique à l'autre. Pour cette raison, de véritables systèmes sur une puce ne pourront jamais bénéficier tout au long de leur vie des réductions de coût que le passage à une génération technologique plus avancée permet dans le monde du numérique. Il existe toutefois des applications dans lesquelles la combinaison analogique et numérique a un sens. Mais, encore une fois, il s'agit d'applications bien identifiées dans lesquelles l'intégration est plus importante que le coût. Actuellement, dans la plupart des conceptions, la solution la plus souple et la plus économique réside dans l'intégration des fonctions analogiques et numériques complexes sur des circuits séparés. Voir notre lexique page 36.

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