« La survie d’Airbus est en jeu », affirme son président exécutif, Guillaume Faury

Le 28/04/2020 à 14:36 par Jacques zzSUEAYGhcIE
Airbus

“Notre trésorerie diminue à une vitesse sans précédent, ce qui peut menacer l’existence même de notre entreprise”, avertit le président exécutif d’Airbus, Guillaume Faury.

Dans un courrier qu’il a fait parvenir à l’ensemble de ses salariés, vendredi 24 avril, le président exécutif d’Airbus, estime que la survie du groupe est en danger. Un aveu qui sonne comme une alerte non seulement pour les salariés de l’entreprise, mais aussi pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, notamment pour les centaines de sous-traitants présents en France.

Sur un ton solennel, il informe “avec une profonde tristesse” que certains employés ont succombé après avoir contracté le Covid-19. Il ajoute que des centaines de collaborateurs ont été testés positifs au virus ; beaucoup d’autres ont présenté des symptômes sans avoir été testés.

“Il faut cependant préparer la reprise économique”, souligne-t-il. “Malheureusement, l’industrie aéronautique se relèvera beaucoup plus faible et plus vulnérable qu’avant le début de la crise. Notre défi chez Airbus est de s’adapter le plus rapidement possible à cette nouvelle réalité et de limiter l’ampleur des dégâts. Il y a deux semaines, nous avons annoncé de nouveaux plans de production sur la partie aviation commerciale. Ils reflètent la gravité de l’impact de la crise sur nos clients et l’ampleur des risques encourus par Airbus et par nos fournisseurs. Les taux de production de nos avions sont maintenant de 30 à 35% inférieurs à nos plans précédents. En d’autres termes, en seulement quelques semaines, nous avons perdu environ un tiers de notre activité. Oui, un tiers. Et, franchement, nous devons nous préparer à ce que cela puisse encore empirer. C’est peut-être dur à entendre, mais je veux être honnête avec vous: il y a encore de nombreuses inconnues. Ce nouveau planning de production restera valable le temps de finaliser notre évaluation de la situation et d’en tirer les conséquences. Cela prendra probablement entre deux et trois mois. Bien sûr, la réduction importante de notre production a déjà des conséquences majeures pour notre entreprise. Sur les revenus et sur la charge de travail industrielle”.

Guillaume Faury indique que son groupe est confronté à un déséquilibre important et immédiat entre ses revenus et ses coûts – ou plus précisément entre les rentrées et sorties d’argent. “Notre trésorerie diminue à une vitesse sans précédent, ce qui peut menacer l’existence même de notre entreprise. C’est pourquoi nous avons agi rapidement pour obtenir des lignes de crédit supplémentaires à hauteur de 15 milliards d’euros. Ils nous donnent la flexibilité et le temps nécessaires pour adapter et redimensionner notre activité. Mais nous devons maintenant agir de toute urgence pour réduire nos dépenses, rétablir notre équilibre financier et, au final, reprendre le contrôle de notre destin”. “Nous devrons peut-être aussi prévoir des mesures de plus grande envergure à cause de l’ampleur de cette crise et de sa durée probable”, prévient-il. 

Réagissant à la lettre de Guillaume Faury, le syndicat Force ouvrière, majoritaire dans le groupe, a mis en garde contre des licenciements secs. “Dans toute crise, les grands groupes trouvent l’opportunité de réduire leurs coûts de structure. Il faut garder la tête froide. C’est une crise grave mais dont nous mesurerons l’impact dans quelques semaines et quelques mois, à l’été, quand on verra quelles compagnies ont tenu le coup et lesquelles ont coulé”, a dit à Reuters Jean-François Knepper, délégué syndical central FO chez Airbus Avions.

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