Jocelyne Madec de Novatech veut davantage de formations techniques à l’électronique

Le 11/04/2019 à 10:17 par Didier Girault
Louis Gildas

Le 8 avril dernier, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, ont signé un Pacte d’investissement dans les compétences professionnelles, chez Novatech. A cette occasion, Jocelyne Madec, la Pdg du groupe Novatech, a rappelé les difficultés de recrutement auxquelles se heurte la sous-traitance en électronique du fait d’un enseignement technique en perdition.

Lundi 8 avril, Muriel Pénicaud, ministre du Travail et Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne ont fait le choix du site de Pont-de-Buis de Novatech (groupe de 375 personnes dont 220 à Pont-de-Buis) pour signer le Pacte régional d’investissement dans les compétences.

Selon ce pacte, 572 millions d’euros seront investis en Bretagne entre 2019 et 2022 pour y accompagner la formation professionnelle. L’Etat mettra la main à la poche à hauteur de 216M€ et la Région Bretagne abondera à hauteur 356M€. L’Etat et la Région, tous secteurs d’activités confondus, prévoient 91 000 entrées en formation d’ici 2022.

L’objectif est d’améliorer l’insertion professionnelle des publics qui en sont aujourd’hui les plus éloignés : les demandeurs d’emplois de longue durée et ceux qui sont les moins qualifiés ; les jeunes en rupture du système éducatif étant hors travail et hors formation.

A cette occasion, Jocelyne Madec, Pdg de Novatech s’est adressée à la ministre et au président de Région : « A Pont-de-Buis, nous fabriquons des cartes et des systèmes électroniques pour des marchés publics comme la RATP et la SNCF. Nous fournissons également la Défense, l’aéronautique et le spatial et, à Lannion, nous travaillons pour la robotique, la cobotique, les automatismes et le médical. Nous avons également créé un bureau d’études pour accompagner nos clients.

Pour nos grands clients, nous devons en permanence faire reconnaitre notre légitimité technique. Cela passe par des efforts permanents en matière de valorisation des compétences et par la formation de l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise.

Je ne vais sans doute pas vous l’apprendre mais la filière électronique est en grand déficit en matière de formations. Nous avons les plus grandes difficultés, à quelque niveau que ce soit, à recruter des personnes compétentes issues des filières de formation initiale ou de formation professionnelle. Nous n’avons plus de CAP, plus de BEP, plus de Bac, plus de BTS et l’enseignement de l’électronique dans les écoles d’ingénieurs n’est pas approfondi. Or dans notre vie quotidienne, qu’elle soit personnelle ou professionnelle, tout est numérique. Mais pour faire du numérique il faut de l’électronique avec du hardware.

Actuellement, nous sommes à la croisée des chemins avec une activité en forte croissance et un accroissement du nombre de personnes partant à la retraite. Et nos difficultés à recruter des personnes compétentes et opérationnelles rapidement, nous amènent à refuser des commandes !

Pourtant nous faisons face au prix d’une dépense d’énergie phénoménale. Notre service RH, en partenariat avec Pôle emploi et l’UIMM a mis en place, au cours des trois dernières années, six POEC (préparation opérationnelle à l’emploi collective). Avec l’UIMM toujours nous préparons des Actions de formation en situation de travail (AFEST) ».

Promouvoir le savoir technique

Et Mme Madec de poursuivre : « Aujourd’hui dans l’industrie nous ne sommes plus au temps de Germinal. Aujourd’hui dans l’industrie c’est l’innovation permanente, c’est la réalité augmentée à la portée de tous. Les prescripteurs, parents d’élèves compris, et les orienteurs doivent en être convaincus. Il nous faut absolument convaincre les jeunes de faire le choix d’une carrière professionnelle dans l’industrie électronique. Ce que nous réalisons ici doit être démultiplié dans toutes les entreprises, et accompagné par les institutions ».

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, paraissant sensible à ces propos avance : «si nous avons choisi Novatech pour signer ce Pacte régional c’est qu’ici, à Pont de Buis, nous sommes face à une situation insoutenable, où l’on refuse des marchés faute de trouver des compétences ».

La ministre insiste également sur les cas de ces jeunes demandeurs d’emploi qui n’ont pas les compétences pour accéder au marché du travail. La solution pour résoudre ce qui semble être la quadrature du cercle c’est la re-création de filières de formation. Pour la ministre du Travail c’est une priorité absolue afin de faire baisser le chômage et de permettre aux entreprises de se développer. «Résoudre l’équation des compétences est bien l’objet du Pacte régional où la Région et l’Etat mettent le paquet car il est évident que l’accès au capital humain est le plus important pour les entreprises » a-t-elle conclu.

Adapter l’enseignement aux attentes des entreprises

Jocelyne Madec, Pdg du groupe Novatech, présidente de l’UIMM Bretagne, membre du comité directeur du SNESE et membre du comité stratégique de la filière électronique, est à l’origine, avec le soutien du Snese, de la création d’un groupe de travail interprofessionnel qui a pour mission d’identifier l’offre de formation initiale (éducation nationale) en électronique de production et de proposer des adaptations conformes aux attentes des entreprises. Les diplômes concernés sont le bac professionnel Systèmes numériques et le BTS Systèmes numériques.

 

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