L’Europe pourrait faire appel à Samsung et TSMC pour créer une fonderie de semi-conducteurs

Le 19/02/2021 à 12:46 par Jacques zzSUEAYGhcIE

L’Union européenne a défini un objectif l’année dernière visant à produire au moins 20% des circuits intégrés (dont les microprocesseurs) dans le monde en valeur, sans donner de détails sur la manière dont cela serait réalisé. La solution la plus efficace serait de faire appel aux leaders mondiaux de la fonderie de semi-conducteurs, TSMC et Samsung.

Les autorités européennes ont affirmé haut et fort depuis quelques mois leur volonté de relocaliser l’industrie des semi-conducteurs afin que l’Europe soit moins dépendante des Etats-Unis et de l’Asie. Reste à savoir comment y parvenir. Selon Bloomberg, des discussions ont été entamées avec TSMC et Samsung dans le but de mettre en place une fonderie de premier plan en Europe. Un enjeu particulièrement important alors que l’industrie automobile, fleuron de l’économie européenne, fait face à une pénurie de composants électroniques, ce qui empêche les usines de tourner à leur maximum de capacité et ce qui va même jusqu’à stopper certaines productions automobiles.

Dix-neuf pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont récemment annoncé qu’ils s’associaient pour investir dans les semi-conducteurs. Jusqu’à 20% des plans de relance européens, soit 145 milliards d’euros sur trois ans, pourraient être investis en commun dans la transition numérique, afin de renforcer la chaîne de valeur des semi-conducteurs et de réduire la dépendance de l’Europe aux fournisseurs américains et asiatiques, précisait  une déclaration commune publiée par la Commission européenne. Mais les subventions à l’indusrie européenne des semi-conducteurs ne suffiront pas à rattraper le retard accumulé depuis des décennies dans le domaine des semi-conducteurs.

La solution la plus efficace à laquelle ont alors pensé les autorités européennes serait de faire appel aux leaders mondiaux de la fonderie de semi-conducteurs, TSMC et Samsung, qui aideraient l’Europe à développer, sur le Vieux Continent, des capacités de production pour des semi-conducteurs inférieurs à 10nm.

L’Union européenne a défini un objectif l’année dernière visant à produire au moins 20% des circuits intégrés (dont les microprocesseurs) dans le monde en valeur, sans donner de détails sur la manière dont cela serait réalisé. “Sans une capacité européenne autonome en microélectronique, il n’y aura pas de souveraineté numérique européenne”, a déclaré Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, ajoutant que l’Europe représente actuellement moins de 10% de la production mondiale en microélectronique.

Un plan plus précis devrait être officiellement dévoilée à la fin du premier trimestre 2021, selon Bloomberg. Cependant, tous les gouvernements où l’industrie des semi-conducteurs est déjà puissante, Chine, Japon et États-Unis en tête, tentent aussi d’augmenter ou de retrouver leur autosuffisance en semi-conducteurs.

Autre obstacle : “l’industrie des semi-conducteurs a passé des décennies à élaborer une chaîne d’approvisionnement mondiale bien organisée qu’il serait difficile de changer du jour au lendemain”, selon Peter Wennink, P-dg d’ ASML qui détient de fait un monopole sur les équipements nécessaires à la fabrication des semi-conducteurs les plus avancés. Reconstruire un écosystème sensiblement différent augmenterait très probablement les coûts logistiques. Si les gouvernements sont déterminés à faire de l’Europe une région plus influente en semi-conducteurs, il faudra des années pour y parvenir, et non des mois, estime ASML.

Mais le plus grand obstacle reste le financement d’un tel projet de fonderie. Le ministre français de l’Economie, Bruno LeMaire, a rappelé que les projets en semi-conducteurs sont très gourmands en investissements. “L’un des points faibles est l’accès au capital-risque en Europe et la mise en place du marché des capitaux en Europe”, a-t-il déclaré.

Thierry Breton a indiqué l’année dernière que l’alliance dans les semi-conducteurs pourrait bénéficier d’un investissement initial combiné public-privé pouvant atteindre 30 milliards d’euros, soit à peine plus que les dépenses d’investissement prévues par TSMC pour cette seule année. 

 

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