De l’essentiel et du superfétatoire

Le 27/04/2017 à 7:26 par Didier Girault
Wallfiz

Dans ce numéro, nous voyons cohabiter des informations relatives à un bracelet connecté suiveur de rythme cardiaque et de qualité du sommeil (bracelet Fitbit Alta HR) et des informations concernant le dernier né des téléphones pour séniors de Doro (le Doro 6050) qui met l’accent sur la facilité de lecture – grâce à un grand écran de visualisation et des tailles de caractères réglables – et sur la facilité d’utilisation – grâce à un clavier à touches larges, à une navigation par mots plus claire que la navigation qui fait appel aux icônes et à une réduction des fonctions à l’essentiel. D’un côté, donc, une surenchère de gadgets censés séduire le chaland ; de l’autre, un élagage- concentration pour améliorer l’utilisation de l’appareil.

Cette juxtaposition manifeste, en condensé, les deux courants qui, de tout temps, ont tiraillé l’humanité.
D’un côté, la profusion et les réponses par enrichissements progressifs caractéristiques du vivant. De l’autre, l’épuration qui conduit au lâcher-prise final – dont font partie les pertes successives des sens au moment de la mort, expliquées dans le Bardo Thodol.
D’un côté, un christianisme orthodoxe baroque, surchargé de fresques et de dorures, entouré de polyphonies envoûtantes ; de l’autre, le puritanisme protestant du temple dépouillé où trône l’harmonium expiatoire.

Coincé entre les deux : l’humain. Un humain tiraillé entre une dimension horizontale d’ajout de biens, de conquête – la boulimie et l’obésité qui s’ensuit en sont, aujourd’hui, une triste illustration – et une dimension verticale de profondeur-élévation qui se réduit de jour en jour. Il serait bon de relire l’égyptien Albert Cossery dont les romans célèbrent le sommeil, la rêverie et la paresse, les qualifiant de résistance à la folie du monde.

 

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